Rencontre...
Victor, se promenant sur les chemins, humait l’air parfumé de gel de ce beau soir. Il était noble et avait moult temps à prendre, mais il ne savait quoi faire. L’ennui lorsque l’on est riche, c’est que toute activité devient ennui à force de pratique. Il marchait donc sans but.
C’est alors que d’un coin au loin, dans le bois du Gibet, il entendit des bruissements suspects. Cela ne pouvait être des bandits ou détrousseurs quelconques car cette campagne n’avait point connu vermine depuis longtemps. Il s’approche et distingue une fine silhouette. En mal d’aventure, il alla à sa rencontre. Il vit alors une jeune femme étrange et belle qui songeait à on ne sait quelle chose troublante.
Tentant approche, Victor la surprit un peu ; ayant regret de cet acte imprévu, il lui tint ce langage :
- Je ne voulais point surprendre, mademoiselle, veuillez ne point m’en tenir conséquence, je vous prie.
La belle, au sourire charmant, lui répondit ainsi :
- N’en tenez point signification, je suis simplement surprise qu’en ce soir d’hiver, un galant me trouve en ces lieux.
- Vous me rassurez donc, mais puis-je vous dire qu’oncques ne vit telle beauté en cette France ?
Elle répond d’un ton gêné mais tout du moins charmé :
- Que dites-vous donc ? Vous allez me donner couleur…
- Je ne pouvais m’empêcher, veuillez m’excuser. Mais que fait une superbe nymphe dans ces bois une nuit aussi glaciale que celle-ci ?
Il était étonné qu’elle n’ait point frissons alors que chauds vêtements elle n’avait point. De plus, l’air était rude et cela ne la gênait guère. Elle répondit après réflexion :
- Je ne puis répondre, mais sachez que je m’appelle Eline Robin.
- Oh ! J’aurais du me présenter bien avant. Je m’appelle Victor de Morance.
Il ne releva point bizarrerie en cette amnésie, prit dans la magie mystique du moment. Il fut venu le moment de se séparer, après avoir observer les froides étoiles en silence. Il promit de revenir la nuit suivante.
Le matin suivant ce doux rêve, Victor, cherchant brides de vie Elinesque, découvrit des choses troublantes : Eline Robin serait morte deux ans avant la venue de Victor en cette contrée, dans le bois du Gibet, par une froide nuit d’hiver, gelée contre un arbre bordant un chemin.
La nuit de ce jour, Eline était revenue au même lieu. Quand elle entendit Victor lui dire ses découvertes, elle se dit qu’il allait partir et ne plus revenir, comme les autres. Mais il resta et revint nuit après nuit. Ils tissèrent donc des sentiments de plus en plus forts, tant et si bien qu’à la fin, ils tombèrent amoureux. Lui, vivant et elle, morte, vivaient une histoire peu commune. Eline et Victor se firent promesse qu’à la mort de celui-ci, ils iraient ensemble au paradis.
Quelques nuits plus tard, Eline était bien triste, elle annonça à Victor :
- Mon cher ami, j’ai le regret … de vous dire … que vous allez … trépassez demain.
- Ne soyez point affublée, je n’ai plus peur du trépas, vous m’en avez soigné.
- Mais ne voulez-vous point vivre plus vieux ? Vous êtes si jeune…
- Eh bien, nous le serons tous deux pour l’éternité, ma douce. Il nous sera possible de vivre notre amour éternellement, n’est-ce pas magnifique ?
Ils attendirent ainsi le matin et ce faisant, Victor mourut de froid. Ils purent enfin se toucher et avant de monter aux divins cieux, ils firent l’amour, dans le bois du Gibet, invisibles aux regards de tous. De cette nuit d’hiver, glaciale et emplie de sons campagnards, deux étoiles de glace aux cœurs chauds naquirent.
Epilogue.
Elias, le bûcheron du village de Tyr-sur-bois, raconte avoir vu deux personnes enlacées sortir des bois et disparaître au bout d’un chemin de campagne, au milieu d’un champ, par magie, en ces heures matinales. Ergnas le fermier aussi les vit , mais de plus près, et une jeune femme ressemblant à sa fille lui avait sourit au passage.
P’tit com’ : SNIIIIIIIIF ! C’est trop beau !!!